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Actualités de l'association
Communiqué de la Coordination asile.ge du 8 décembre 2025
C’est avec consternation que nos associations ont appris la réouverture d’un abri de protection civile à Genève pour y loger des personnes en quête d’asile. La Coordination asile.ge appelle les autorités cantonales à trouver urgemment des solutions de logement humaines et dignes, à court et à long terme.
Fin novembre, l’abri PC de Balexert a ouvert ses portes pour y héberger une soixantaine de requérants d’asile déboutés, transférées d’une halle de Palexpo. Un autre abri serait prêt ou aurait déjà été ouvert.
Voici plus de sept ans que l’utilisation des abris PC par les autorités cantonales avait pris fin, à la suite d’une longue mobilisation de personnes résidant dans ces bunkers et de la société civile. Cela fait bien plus d’années encore que nous dénonçons un dispositif d’hébergement cantonal qui ne cesse de se densifier, jusqu’à arriver à saturation, sans qu’une politique territoriale concrète et réfléchie soit mise sur pied sur le long terme.
A celles et ceux qui avanceront les arguments usuels de la situation du logement à Genève et de la hausse des arrivées de personnes en quête d’asile, nous rétorquerons inlassablement que les fluctuations des arrivées dans le domaine de l’asile sont par essence imprévisibles. Elles sont le reflet des désordres et des inégalités du monde, et l’actualité internationale ne permet malheureusement pas de prévoir une embellie prochaine de la situation.
Dans ce contexte, l’absence de planification de solutions ces sept dernières années pour créer des places d’hébergement, mais aussi pour favoriser la sortie des foyers de celles et ceux qui ont un statut stable et ainsi libérer d’autres places, relève d’un manque d’anticipation extrêmement regrettable de la part des autorités. La situation n’est ni nouvelle, ni inattendue. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’ouverture d’un abri PC qui se joue, mais bien la capacité d’accueil de notre canton sur le long terme.
Genève ne peut pas se contenter d’ouvrir des abris PC à la moindre surcharge du système. S’il faut le répéter encore et toujours : les bunkers ne sont en aucun cas une solution, même de dernier recours.
N’oublions pas que les conditions de vie y sont intenables : ils sont prévus pour des situations d’urgence et de courte durée, pas pour y héberger des êtres humains pendant une durée indéfinie. A ce titre, la Commission nationale de prévention de la torture répétait en 2024 : « Les installations souterraines sont problématiques en vertu des droits humains en raison du manque de lumière naturelle, de l'apport souvent insuffisant d'air frais et du manque de possibilités de retrait, et ceci même lorsqu'il n'existe pas d'autres possibilités d'hébergement. »[1]
N’oublions pas la parole des personnes qui y étaient logées, il y a de cela plus de 10 ans : « Nous vivons sous terre, entassés, sans fenêtres, sans air, sans soleil […]. Nous avons de gros problèmes d’hygiène, de nourriture et de sommeil, qui altèrent gravement notre santé tant physique que psychique. […] La promiscuité nous expose sans cesse aux maladies et à la contagion, d’un simple rhume à la grippe intestinale en passant par la gale. Sans parler des punaises de lit. L’air est difficile à respirer. Nous souffrons de problèmes oculaires et de maladies de peau. […] La lumière est allumée 24 heures sur 24, nous empêchant de dormir. Tout comme le bruit, la ventilation, le fait que les lits soient connectés entre eux, les ronflements des uns et les cauchemars des autres. Nous n’avons aucune intimité. »[2]
A celles et ceux qui argueront que seront hébergées uniquement des personnes déboutées, qui devraient de toute façon quitter le territoire, rappelons ici que la réalité est bien plus complexe. Bon nombre de personnes déboutées sont frappées d’une décision de non-entrée en matière (NEM), c’est-à-dire que leur demande de protection n’a pas été examinée sur le fond, autrement dit sur leurs motifs d’asile. Elles sont donc susceptibles d’obtenir une protection en Suisse et de rester sur territoire genevois. Par ailleurs, le statut d’une personne n’excuse en rien le traitement qui lui est fait.
Pour toutes ces raisons, les associations de la Coordination asile.ge demandent :
- La fermeture des abris de protection civile.
- La mise sur pied d’une solution urgente de remplacement, digne et humaine en recourant à tous les lieux d’hébergement temporaires publics ou religieux qui peuvent être mobilisés.
- Un meilleur accompagnement dans la recherche de logements individuels pour les titulaires d'un statut de séjour (permis F, B et C).
- La mise en place d’une politique d’accueil et un plan d’action concret qui respectent la dignité humaine, indépendamment du statut administratif de la personne, et qui tiennent compte du besoin structurel sur le canton de nouvelles places d’hébergement dans le domaine de l’asile.
[1] CNPT, Rapport de la CNPT au Secrétariat d’État aux migrations (SEM) sur ses visites dans les centres fédéraux d’asile (CFA) de la région d’asile Suisse romande de février à juin 2024, décembre 2024.
[2] Extrait d’une lettre du collectif Stop bunkers adressée aux autorités genevoises, hiver 2014.
Photo: https://www.letemps.ch/suisse/entrailles-sonnenberg-monstrueux-temoin-guerre-froide?srsltid=AfmBOorh45tVBJoIZYkBFwlrEQnOTwY2wARlFS88_lr40puG-KoNkCsa

